Première partie
Ce soir-là, il pleuvait sur Pandala. Le bruit assourdissant de la pluie couvrait les cris d’un enfant déposé devant la porte du conseiller Boyowa.
Une tradition de Pandala veut que tout enfant trouvé soit adopté et élevé par sa famille d’accueil. Pourtant, au petit matin, ayant découvert le bébé, Boyowa hésita... Cet enfant là portait la Marque. Se pourrait-il qu’il s’agisse là de l’Elu? Il fallait en parler au Grandapan; lui saurait quoi faire.
16 ans plus tard
Le coup final envoya le jeune pandawa mordre la poussière. A peine conscient, celui-ci tenta tant bien que mal de se relever. Maître Pandasiman hurla à nouveau:
-Tu n’es donc bon à rien! Voilà un mois que tu t’entraînes à cette parade et tu es toujours pas capable de l’effectuer correctement! Debout, debout!
-Maître, je vous assure que...
-Silence, lève toi et recommence!
L’entraînement reprit encore plus intensément. Le jeune pandawa peinait à riposter aux coups de son assaillant. Ce n’était pas faute de s’être entraîné... Au fond de lui il savait: il avait déçu son maître et son village. Il devait être l’Elu mais ne se révélait être qu’un apprenti moyen.
Au même moment dans le Temple, Grandapan et le Grand Maître Pandawushu parlaient avec animation.
-Ca ne peut pas être lui Grandapan, il n’a aucune aptitude particulière! Il est tout juste capable d’assimiler les bases de nôtre art!
-Peut-être, Grand Maître, n’utilisez-vous pas les bonnes méthodes? Les présages nous annonçait la venue de l’Elu, or ce garçon porte la Marque!
-Tout cela n’est que mensonge! Comment un piètre guerrier comme lui pourrait-il nous sauver? Hun, vous vous obstinez Grandapan, même Boyowa reconnaît que son fils adoptif n’est pas l’Elu!
-Je fais confiance à notre déesse. Pandawa l’a désigné, il nous sauvera. Continuez à le former. J’ai dit.
Couvert de sang et de sueur, le jeune pandawa courrait aussi vite qu’il le pouvait. Il devait atteindre le pont avant eux. On ne fait pas de prisonnier pour meurtre à Pandala: on exécute. Il se revoyait asséner le coup fatal... N’importe quel pandawa, poussé à bout comme il l’avait été par son maître, aurait un jour ou l’autre laissé libre cours à sa colère. Peut-être lui accorderait-on le pardon? Non, décidément, plus personne ne voulait de lui à Pandala: il n’était pas l’Elu, il n’était qu’un imposteur.
Une flèche siffla à son oreille. Ils se rapprochaient! Mais le pont était encore trop loin! Il les entendait crier: “Il est là! Il est là! Attrapez le, mort ou vif!”. De tous les côtés apparaissaient les guerriers du village, il fallait trouver une échappatoire.
Encerclé, le jeune pandawa n’avait plus d’autres solutions que la mer. Au moment où les archers tiraient leurs flèches, il sauta. L’une d’elle l’atteint, il cria un bref instant avant de se heurter l’eau glacée et d'y sombrer. Immédiatement, il fut emporté par le courant, et disparut à la vue de ses poursuivants.
Un long moment après, sur les côtes d’Asse, le pandawa s’échouait sur la rive. Epuisé, il crachait de l’eau sur la rive tout en essayant de reprendre son souffle.
Il savait qu’il ne pourrait plus jamais retourner à Pandala. Lui qui avait apporté l’espoir aux siens se retrouvait ennemi de tous. L’Elu n’existait plus. Ce soir là, le jeune pandawa se forgea une nouvelle identité: désormais, on l'appellerait Sasunoo. Sasunoo Hidogawa, pandawa déchu.